Basilique du Sacré-Coeur - Montmartre

Vous deviez me raconter votre meilleur souvenir de la période des fêtes de fin d’année. Nous ne nous étions pas vu depuis quelques semaines et j’inaugurais ainsi la nouvelle année.

Vous étiez avec des amis le 31 décembre, mais vous aviez décidé d’aller voir Montmartre et la basilique du Sacré Cœur en ce jour de Saint-Sylvestre.

Parisien depuis seulement quelques années, vous aviez envie de vivre cette fête en plein cœur de Paris, une envie de cliché, une envie de touriste. Personne n’a voulu vous suivre, mais vous y êtes allé.

Pour moi, ça n’est pas un cliché car j’ai vécu lorsque j’étais lycéenne puis étudiante, à votre âge donc, en bas de Montmartre, et je suis montée des centaines de fois jusqu’au Sacré Cœur, des instants volés, des jours de beaux temps. Je partais, légère comme une fleur avec ma copine Anaïs et nous grimpions n’importe quel escalier à partir de la mairie du dix-huitième arrondissement de Paris pour arriver tout en haut.

Alors je visualisais avec ravissement votre montée des escaliers de la butte Montmartre, qui m’évoquent ces endroits si poétiques, en passant par la rue Caulaincourt, les arbres le long des escaliers, l’insouciance avec lequel nous montions en riant. Pas mal de mes amis de lycée vivent encore à proximité, je ne suis pas très loin non plus, on a du mal à quitter vraiment Montmartre.

Et vous me parliez, de votre aventure, solitaire au début, mais pleine de rencontres au fur et à mesure de votre ascension. D’autres parisiens avaient eu la même idée que vous, pas mal d’habitants du dix-huitième.

Alors arrivé, là-haut vous avez pu partager avec plein d’inconnus ce moment de grâce, le paysage de Paris illuminé vu d’en haut, un joyeux feu d’artifice, de la bière offerte à l’issue d’une messe de la Saint-Sylvestre donnée dans la Basilique.

J’écoutais et je vous regardais. Vous aviez des étoiles dans les yeux, des gestes élégants, des mimiques joyeuses, votre grâce habituelle et jamais vous n’avez évoqué votre bégaiement. Vous avez parlé des discussions avec les inconnus, de votre joie de partager ce moment, mais vous n’avez pas dit, ce qui s’était passé d’un point de vue de la fluence de votre parole.

Le bégaiement n’était pas le sujet, et c’était tellement ce que j’espérais pour vous que j’étais très émue de vous entendre.

Vous avez conclu avec ces mots exquis, «L’année prochaine, j’emmènerai quelqu’un avec moi pour partager tout ce bonheur »

Ça m’a fait battre le cœur plus vite, comme quand on est content pour un proche, je n’arrivais même plus à parler, je n’avais pas un mot, juste un souffle, et nos regards ravis.

Puisque l’exercice était d’enregistrer une conversation, la caméra était restée allumée durant toute votre histoire, et nous nous sommes aperçus que vous aviez parlé 12 minutes ! Vous qui reteniez tellement vos mots, un an auparavant, lorsque j’avais l’impression de devoir vous arracher un peu d’enthousiasme. Là, nous y étions, 12 minutes de récit avec la douceur de votre voix, vos yeux qui brillaient dans mes yeux et cette histoire merveilleuse.

Alors avez-vous bégayé durant ce récit ? Aucun souvenir ! Mais qui s’en soucie ? Pas nous en tous cas.     

 

Patricia Oksenberg, Orthophoniste, Paris


 

 

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