Connaissez-vous le test de la biscotte ?
C’est le petit déjeuner, moment béni entre tous. Votre café fume dans votre mug préféré et embaume votre tête qui n’est pas encore remplie de tous les problèmes de la journée. Votre enfant, qui a bien grandi, est plongé dans son bol de chocolat au lait. Silence… Comme chaque matin, depuis des années, vous beurrez consciencieusement votre biscotte avant de la croquer avec délice. Les morceaux craquent délicatement sous vos dents, glissent sur votre langue dans un savant mélange sucré/salé et vous adorez leur bruit croustillant qui résonne dans vos oreilles.
Quand, tout à coup, la voix éraillée de votre progéniture s’élève :
« A…A…A…Arrête de faire du bruit ! »
Interloqué, vous levez le nez sur le visage de votre enfant, prêt pour le déclenchement d’hostilités qui vont durer… le temps de l’adolescence.
Votre petit se prépare à franchir un cap, qui sera parsemé d’écueils, de houles, de tempêtes, de désorientations, d’icebergs… D’autant plus qu’il souffre de bégaiement ! Jusqu’à présent, il était enfant et vos bruits, vos réflexions, vos rires n’étaient pas les objets de ses griefs. Votre entente, vous iriez jusqu’à dire complicité, était cordiale. Vous avez bien remarqué depuis quelques semaines une augmentation des hésitations dans sa parole. Ce bégaiement, qui s’était allégé vers ses sept ans, ne vous gênait pas plus que cette petite tâche de naissance au coin de son nez. Aussi avez-vous été un peu alerté par son augmentation, au point de ponctuer chaque phrase désormais. Mais, votre petit, ne venait-il pas de perdre son hamster le mois dernier ?
Ce matin, c’est l’éveil à une autre étape qui vous saisit. Une panique soudaine enserre votre gorge, comme celle de votre enfant. Vous n’êtes pas prêt ! Rassurez-vous, lui non plus ! Franchement, quel navigateur même chevronné se dit prêt à passer le cap Horn ?
« Et si la méditation était la solution ? » s’interroge l’auteur méditant Mathieu Brégégère.
Le bégaiement, c'est... ma manière naturelle de parler
(Geneviève Lamoureux)
Le bégaiement, c'est... un mode de vie. Ce n’est pas un obstacle. C’est ce qui me laisse surmonter et dépasser les défis de la vie de chaque jour.
(Charles Chouery)
Le bégaiement, c'est... un combat de tous les jours
(Sarah Emilie Fournier)
Pour en savoir plus sur ==> Association des jeunes bègues du Québec (AJBQ) <==
Après en avoir eu honte pendant des années, j’ai choisi d’assumer mon bégaiement
Bégayer, c'est apprendre à être à l'aise de montrer sa vulnérabilité, parce que du moment qu’on ouvre la bouche, notre différence existe.
Propos de témoignage recueillis par le HuffPost Québec et retranscrits à la première personne.
>>> À LIRE ICI <<<
Déniché par Sarah Provin...
Bonne lecture
.... Ce témoignage pourra peut-être vous aider ...
Je m'appelle Laurenz, j'ai 45 ans et je suis Bègue.
Je n'avais quasi plus bégayé depuis l'âge de 17 ans.
Mon Bégaiement est réapparu vers 43 ans, à la suite d'un traumatisme médical, et d'un choc émotionnel.
J'ai eu très difficile de demander de l'aide autour de moi. J'ai éprouvé beaucoup de mal à sortir de mon isolement.
Prendre la parole devant d'autres personnes, exprimer ses émotions, participer à des ateliers et des groupes de paroles pour personnes bègues (et non bègues) étaient devenus une épreuve angoissante et terrifiante...
Je propose à toute personne qui le désire et présentant un bégaiement, d'être accompagnée , soutenue et aidée afin de pouvoir franchir le pas (cela se fera à ton rythme ...), et ne pas être seul(e) face à toutes les questions que tu pourrais avoir sur le bégaiement.
Cet accompagnement a pour but de rencontrer d'autres personnes bègues (et friendlybègues...) par le biais d'activités telles que :
-Ateliers théâtres et improvisation.
-Groupes de parole et de prise de parole.
-Rencontres lors de "Be Café" et "After work".
-Assister et participer à la journée mondiale du bégaiement (JMB)
- et diverses activités... qui pourraient être organisées .
-Autres ...
Cela te permettra de rencontrer d'anciens bègues qui ont pu retrouver une parole fluide afin de partager vos expériences, d'échanger sur des conseils et exercices pratiques, et de découvrir les différentes techniques utilisés de nos jours .
J'ai pu fortement diminuer mon bégaiement et reparler d'une manière fluide et ce grâce à la prise en charge logopédique mais aussi à la participation d'ateliers (de théâtre, stage d'improvisation, plan fluence...), aux groupes de prise de parole et aux différentes rencontre réalisées de part et d'autres ... (Afterwork , Bécafé , JMB...)
Je n'ai plus peur de m'exprimer.
Je m'appelle Laurenz , j'ai 45 ans ; si tu souhaites être parrainé(e), accompagné(e) dans tes premiers pas ...
Alors contacte moi, contacte nous via l'APB.
Sarah Provin nous partage une belle trouvaille sur facebook.
Une magnifique BD réalisée par Mohamed Haïti, un jeune homme de 21 ans, lauréat de l’Institut National des Beaux-Arts (INBA) de Tétouan.
Voici la bande dessinée que j'ai réalisée pour mon projet de fin d'études intitulée "Je...".
"Etant moi-même bègue, j'ai voulu à travers cette histoire parler de la souffrance et de la frustration que vit une personne bègue au quotidien. L’histoire raconte la vie d’un jeune bègue, angoissé par les regards des autres, il essaye de surmonter son bégaiement qui tétanise son quotidien et l’empêche de mieux s'intégrer."
Bonne lecture!
Mohamed Haïti
(psst! Cliquez sur l'image pour plus de détails)
Vous deviez me raconter votre meilleur souvenir de la période des fêtes de fin d’année. Nous ne nous étions pas vu depuis quelques semaines et j’inaugurais ainsi la nouvelle année.
Vous étiez avec des amis le 31 décembre, mais vous aviez décidé d’aller voir Montmartre et la basilique du Sacré Cœur en ce jour de Saint-Sylvestre.
Parisien depuis seulement quelques années, vous aviez envie de vivre cette fête en plein cœur de Paris, une envie de cliché, une envie de touriste. Personne n’a voulu vous suivre, mais vous y êtes allé.
Pour moi, ça n’est pas un cliché car j’ai vécu lorsque j’étais lycéenne puis étudiante, à votre âge donc, en bas de Montmartre, et je suis montée des centaines de fois jusqu’au Sacré Cœur, des instants volés, des jours de beaux temps. Je partais, légère comme une fleur avec ma copine Anaïs et nous grimpions n’importe quel escalier à partir de la mairie du dix-huitième arrondissement de Paris pour arriver tout en haut.
Alors je visualisais avec ravissement votre montée des escaliers de la butte Montmartre, qui m’évoquent ces endroits si poétiques, en passant par la rue Caulaincourt, les arbres le long des escaliers, l’insouciance avec lequel nous montions en riant. Pas mal de mes amis de lycée vivent encore à proximité, je ne suis pas très loin non plus, on a du mal à quitter vraiment Montmartre.
Et vous me parliez, de votre aventure, solitaire au début, mais pleine de rencontres au fur et à mesure de votre ascension. D’autres parisiens avaient eu la même idée que vous, pas mal d’habitants du dix-huitième.
Alors arrivé, là-haut vous avez pu partager avec plein d’inconnus ce moment de grâce, le paysage de Paris illuminé vu d’en haut, un joyeux feu d’artifice, de la bière offerte à l’issue d’une messe de la Saint-Sylvestre donnée dans la Basilique.
J’écoutais et je vous regardais. Vous aviez des étoiles dans les yeux, des gestes élégants, des mimiques joyeuses, votre grâce habituelle et jamais vous n’avez évoqué votre bégaiement. Vous avez parlé des discussions avec les inconnus, de votre joie de partager ce moment, mais vous n’avez pas dit, ce qui s’était passé d’un point de vue de la fluence de votre parole.
Le bégaiement n’était pas le sujet, et c’était tellement ce que j’espérais pour vous que j’étais très émue de vous entendre.
Vous avez conclu avec ces mots exquis, «L’année prochaine, j’emmènerai quelqu’un avec moi pour partager tout ce bonheur »
Ça m’a fait battre le cœur plus vite, comme quand on est content pour un proche, je n’arrivais même plus à parler, je n’avais pas un mot, juste un souffle, et nos regards ravis.
Puisque l’exercice était d’enregistrer une conversation, la caméra était restée allumée durant toute votre histoire, et nous nous sommes aperçus que vous aviez parlé 12 minutes ! Vous qui reteniez tellement vos mots, un an auparavant, lorsque j’avais l’impression de devoir vous arracher un peu d’enthousiasme. Là, nous y étions, 12 minutes de récit avec la douceur de votre voix, vos yeux qui brillaient dans mes yeux et cette histoire merveilleuse.
Alors avez-vous bégayé durant ce récit ? Aucun souvenir ! Mais qui s’en soucie ? Pas nous en tous cas.
Patricia Oksenberg, Orthophoniste, Paris